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[Reportage] Limousin Le pari réussi du veau de lait sous la mère au Gaec Velles

Pour qu'ils conservent une viande claire et savoureuse, les veaux limousins élevés sous la mère doivent téter leur mère à heures fixes puis sont complémentés avec du lait de "tantes" montbéliardes. (©Terre-net Média)

Avec 27 000 veaux commercialisés par an, le département de la Corrèze est le leader français du veau de lait sous la mère. Une production contraignante impliquant deux tétées par jour, 365 jours par an, mais qui reste rémunératrice. Pour Gérard Velles et son fils Mathieu, les 75 veaux Label Rouge vendus chaque année par l'exploitation familiale sont la garantie d'une trésorerie rapidement disponible grâce à un marché toujours en demande.

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En Corrèze, comme dans tout le Limousin et le grand sud-ouest, la production de veaux de lait élevés sous la mère (VDLSM) est solidement ancrée dans les traditions. « Mes grands-parents faisaient du veau de lait, mes parents aussi. Quand j'ai repris la ferme en 1997, il y avait onze vaches », se souvient Gérard Velles. Vingt ans plus tard, cet ancien salarié carreleur ne regrette pas une seconde sa reconversion. Rejoint en 2011 par son fils Mathieu, ils sont aujourd'hui en Gaec à la tête d'un troupeau de 80 mères de race limousine sur 76 hectares.

Située en plein de cœur de la vallée de la Dordogne, sur la commune de Bassignac-le-Bas, l'exploitation commercialise chaque année 75 veaux de lait Label Rouge, finis en cinq mois et vendus vifs en moyenne 1 500 € pièce. Un tarif intéressant comparé à celui d'un broutard maigre destiné à l'export, souvent deux fois plus âgé, soumis aux caprices du marché et aux crises sanitaires. En 2015, le Gaec Velles dégageait ainsi un excédent brut d'exploitation de 54 603 € pour un revenu disponible de 34 902 €.

La meilleure rentabilité par hectare d'herbe

Sur les élevages référents du département en veaux sous la mère, l’EBE moyen est de 52 745 €,  contre 53 755 € pour les naisseurs exclusifs et 57 280 € pour les systèmes mixtes VDLSM + broutards. Ces chiffres sont à mettre en perspective : « En veau de lait sous la mère, les exploitations vendent moins d'animaux puisque la moyenne est de 55 vêlages pour 55 ha de SAU, explique Coralie Sirieix, technicienne à la chambre d'agriculture de Corrèze. En broutards ou en système mixte, le produit total et les aides sont plus élevés car il y a plus d'animaux par exploitation et les surfaces sont plus importantes. Mais en Corrèze et dans le Limousin, la production de veaux sous la mère est celle qui offre la meilleure rentabilité à l'hectare d'herbe ou à la vache, tous types de productions allaitantes confondues. »

Moyenne des exploitations limousines de référence en 2015 :

Type de production

Produit brut en €/ha de SAU

Produit bovin en €/UGB

(aides animales comprises)

Marge nette en €/UGB

Veaux de lait sous la mère

1 830 €

1 265 €

45 €

Mixte veaux de lait + broutards

1 545 €

1 055 €

25 €

Naisseur zone herbagère (broutards)

1 240 €

880 €

20 €

Source : inosys réseaux d'élevage

La production de 75 veaux sous la mère a permis à Mathieu de rejoindre son père Gérard sur la ferme de 80 Limousines et 8 Montbéliardes sur 76 hectares. (©Terre-net Média)

Des tantes pour acheter moins de poudre

Pour l'installation de Mathieu Velles, les agriculteurs construisent un nouveau bâtiment plus vaste. La salle de tétée, si elle reste de conception classique, n'en est pas moins fonctionnelle : treize cases pouvant accueillir entre deux et trois veaux sont aménagées. Il faut désormais aux deux associés trente minutes pour faire téter les veaux, matin et soir.

L’astreinte est comparable à celle d'un élevage laitier, à laquelle vient également s'ajouter la traite des huit vaches laitières montbéliardes dont le Gaec s'est adjoint les services peu après l'arrivée du fils. Vingt minutes sont nécessaires pour préalablement soutirer leur lait aux « tantes » via un transfert, puis le mélanger à une quantité de complément (variable selon la saison). « Avec les nourrices laitières, on économise maintenant 60 % de poudre de lait en moyenne par rapport à l'ancien système "100 % milk", pointe Mathieu Velles. Quand je me suis installé, le prix de la poudre était particulièrement élevé. Cette année-là, cela a représenté une charge de 25 000 € ; aujourd'hui, nous tournons autour de 8 000 €. Et entre mars et juin, nous n'avons généralement même pas besoin d'en rajouter. ». En 2016, le prix de la poudre de lait se situait entre 1,70 € et 2,10 €/kg.

Pour les autres charges alimentaires, père et fils estiment qu'il leur manque encore 6 à 7 tonnes de céréales pour atteindre l'autonomie complète. Quatre hectares sont cultivés en seigle, mais la surface manque, et en Corrèze, la nature des sols comme leur topographie (l'exploitation est en zone de montagne) ne se prêtent pas toujours aux cultures.

Des veaux toujours bien notés

Côté qualité, le Gaec Velles peut aussi compter sur des bêtes toujours bien classées à l'abattage. 80 % des veaux sont en effet notés 1E3* et le reste se situe presque à coup sûr dans le « carré gagnant ». « Il faut savoir affiner son troupeau en sélectionnant les meilleurs reproducteurs, et être le plus régulier possible dans les tétées », expliquent les éleveurs. « Il est également très important de vite déceler les anomalies. Les veaux qui nous donnent le plus de travail sont d'ailleurs souvent ceux qu'on vend le moins bien, et inversement. »

 

* Les carcasses de veaux sont notées par trois composants de la grille de classification. Par exemple, un veau classé 1E3 obtient la note 1 pour la couleur de la viande notée du blanc (1) au rouge (5), la lettre E pour la conformation selon la grille EUROP (et la note de 3 pour l’état d’engraissement (de 1 maigre à 5 très gras).

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